Transhumance – El arreo (Épilogue)

Devinant notre fatigue Georges décale la remontée d’une journée. Nous partons donc pour les lagunes une nouvelle fois, avec pour seule contrainte les restes de courbatures de l’arreo. Facile…

 

 

Je remarque le long du chemin que la route me parait différente, je vois plus de détails, me laisse surprendre par les endroits où nous sommes passés qui me paraissaient bien plus larges…

 

 

L’avantage d’une session d’initiation intensive de 27 heures de cheval c’est qu’après, tout semble léger. C’est agréable de refaire la route en touriste. À chaque virage, chaque prairie, chaque pierrier, des images me reviennent. Je vois troupeau et cavaliers courir, crier, galoper. Je revis mes sensations, chaque veau que j’ai vu s’échapper,les velléités avortées de me lancer à leur poursuite, les jets de pierre, les sifflements, le son éraillé de ma voix, l’évolution de la fatigue au fur et à mesure de l’avancée.

 

 

Tous cela me revient en observateur calme et objectif. Il y a quelque chose d’étrange dans la réalisation par la douleur. La satisfaction qui en découle après est très gratifiante, presque sacrée. C’est comme si elle ne m’appartenait pas, je la regarde avec respect et fierté, comme un trophée.

En chemin nous croisons encore beaucoup de bêtes égarées, attendant en broutant que rien ne se passe. Si elles ne sont pas vite montées aux lagunes, il y des chances qu’elles se fassent braconner.

Nous arrivons finalement à l’endroit où Élise et moi avions fait demi-tour. La première lagune est encore à une petite heure derrière les collines de plus en plus hautes.

Et enfin, au détour d’un énorme rocher, elle apparait, bordée de joncs et de sable fin. Un sourire se dessine sur le coin de mes lèvres. Tout vient à point… Nous la contournons à la recherche d’un coin d’ombre pour déjeuner. Il semble que le niveau ait beaucoup baissé depuis quelques années. Moins de neige en hiver, moins d’eau en été. Le réchauffement climatique est bien réel.

 

 

Mario trouve un endroit avec une petite source et nous nous rassasions à l’occidental cette fois-ci avec salade de pâtes, saucisson, fromage, assiettes et couverts que Nicole affectionne particulièrement. Un bon saucisson quand même, ça fait plaisir…

Nous continuons notre périple en passant la seconde, puis la troisième lagune et arrivons finalement sur un plateau où nous apercevons la fumée d’une cheminée au loin. C’est le poste estival de la quatrième lagune où résident les péons, qui resteront les quelques mois de pâture, avant de redescendre en avril. Un petit deux pièces-cuisine, avec cascade, lagunes et un sublime cirque qui sert de frontière entre l’Argentine et le Chili.

 

 

 

Nous passerons deux nuits à camper dans ce petit paradis.

Santiago, un ami des patrons qui nous accompagne, est un pêcheur confirmé et, en quelques heures, il revient avec une dizaine de truites qu’il prépare en papillotes sur un grand feu de camp. Un régal.

 

 

Le jour suivant nous allons faire une ballade autour de la quatrième lagune et découvrons le majestueux cirque qui vient terminer le chemin de l’arreo.

 

 

La boucle est bouclée.

Un dernier feu de camp avec patates à la braise, sauce roquefort et jambon fumé, une belle nuit étoilée et nous prendrons le chemin du retour le lendemain matin pour retrouver nos quartiers à l’estancia « El halcon ».

 

 

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