J’ai pas le titre là…

29 janvier 2018, Nueva Aurora, Paraguay.

Chose promise, chose due ; après le petit déj’, je nettoie ma fière monture. Le voisin en face de chez Alcemir est laveur de véhicules ; il a tout ce qu’il faut. Après avoir mis mes affaires à sécher au soleil, j’emmène la bête au nettoyage.

 

 

Dans les règles, avec savon et séchage.

 

 

Je découvre le village et la maison d’Alcemir au grand jour. Je n’avais même pas remarqué hier que sa moto faisait partie des meubles.

 

 

Après le bichonnage de ma monture, Alcemir me propose de l’accompagner au travail. Il tient une gomeria (atelier de pneus). Il a un peu de travail ce matin et je dois attendre que mes affaires sèchent pour repartir. Je pars donc avec lui. Son atelier est à côté de la station-service que j’ai eu tellement de bonheur à apercevoir hier. Un véhicule de dégagement des routes a les deux pneus avant crevés. Moi qui pensait que c’était une galère de changer un pneu de moto, je me rends compte de ma chance… Le processus est d’une toute autre dimension. Percuteur avec compresseur pour enlever les vis, masse de démolition pour dégager la jante, bref, un travail de titan pour un pneu presqu’aussi grand que moi.

 

 

Je regarde faire Alcemir avec intérêt. D’autres clients arrivent. Jante fendue. Roue voilée. Il s’occupe de tout.

 

 

Je discute avec les gens autour, curieux de ma présence en ces lieux. Je suis séduit par un papé qui est assis là, contemplatif. Les rides aux coins de ses yeux suggèrent une vie de rires et de bonne humeur. Du moins j’aime à le croire. Je parle un peu avec lui et le prends en photo.

 

 

J’en profite aussi pour aller voir la route d’hier en plein jour. Elle a un peu séché mais n’est guère plus praticable.

 

 

Retour à la maison pour le déjeuner. Petite panne de gaz. Improvisation. Boite de conserve, alcool, allumettes et hop, un réchaud.

 

 

J’adore. Ils me conseillent des endroits à visiter, mais il n’y a pas tant de choix que ça. Les ruines des missions jésuites de la Santísima Trinidad de Paraná deviennent donc ma prochaine destination.

Mes affaires sont sèches. Alcemir me propose gentiment de charger la moto dans le pick-up et de me ramener à l’asphalte. J’accepte… Je remarque qu’il a aménagé un endroit dédié au chargement. Une pente, un pneu et le tour est joué.

 

 

Je n’ai pas grand chose à leur offrir en échange de leur hospitalité et de leur gentillesse, alors je leur offre un polaroïd. Ils sont beaux tous les deux.

 

 

Nous chargeons la moto et partons vers Naranjito. Je remarque en partant un chef d’œuvre mécanique qui semble avoir épuisé son conducteur. L’énorme compresseur à l’arrière laisse deviner du fait maison. Du grand Mendez. Je ne sais pas si j’y serais allé…

 

 

Nous repassons par les endroits où j’ai tant lutté. Je me rends mieux compte de la structure du terrain et de ce que cachaient les ruisseaux bordant la route. Je remarque aussi qu’il y a des arbres ! Ahahah, le cerveau recèle bien des mystères.

 

 

 

 

Alcemir et Angelica me déposent à la station où nous nous sommes rencontrés. Nous déchargeons la moto du coffre avec l’aide des pompistes et me voici revenu à la route dure et lisse. Direction le sud à une centaine de kilomètres. Route dégagée, plate, sans grand intérêt. Soleil bien présent, le cuir devient insupportable avec la chaleur. J’arrive aux ruines en fin d’après midi.

Fondée en 1708, cette mission fait partie de toutes ces missions espagnoles dispersées à travers les pays d’Amérique du Sud pour propager le christianisme. Il n’y a apparemment pas grand-chose à voir mais bon, j’y suis. J’entre sur le site. Effectivement, ce sont des ruines ; il n’y a plus beaucoup d’édifices debout. Néanmoins, sur ce qui tient encore à peu près d’aplomb, le travail de la pierre est sublime.

 

 

 

Bref, pas de quoi claquer trois pattes à un canard. Pour un site classé au patrimoine de l’UNESCO, je suis un peu déçu. Je fais le tour en 30 minutes et je me barre.

Je n’ai plus trop envie de rouler. Je sors de Trinidad et aperçois une pancarte Motel El Bosque sur le bord de la route. Ça ira très bien. J’entre par un passage discret à travers les sous-bois. Un gardien m’accueille. Je lui demande s’il y a de la place. Il me scrute un moment et me dit de m’adresser à la fenêtre sur ma gauche. Je descends de la moto et me dirige vers la vitre entrouverte. Une femme sans âge m’interroge :

— Pour combien de temps ?

— La nuit.

— Pour se reposer ?

— Euh… Oui.

— Très bien, chambre 12.

Le gardien m’invite à faire le tour de l’hôtel pour mettre ma moto au garage et entrer dans ma chambre. Je m’exécute. Il m’attend devant la porte du garage ouverte, j’entre et il referme derrière moi.

 

 

J’enlève les bagages de la moto et entre dans la chambre. Grand lit, clim, salle de bain propre et miroir en tête de lit… Je remarque que la porte censée donner accès à l’intérieur de l’hôtel est fermée à clé. Je remarque aussi que je n’ai pas de clé. Du garage, la porte de la chambre était ouverte. Je ressors et essaie d’ouvrir la porte du garage. Fermée. Et là je vois le panonceau derrière ma moto…

 

 

Hôtel de passe… On t’ouvre quand tu as payé par la trappe prévue à cet effet dans la porte de la chambre.

 

 

Malin. Bon, j’espère que l’endroit n’est pas trop connu que je puisse me reposer un peu. Vers 21 h les premiers clients arrivent… Les murs sont fins… L’endroit est connu… Écouteurs. Films. Ça se calme vers 1 h. C’est important de connaitre les coutumes locales.

 

30 janvier 2018, Trinidad, Paraguay 

Petite douche. J’appelle la réception pour informer de mon départ. On me dit de déposer le montant de la nuitée dans la trappe. Une fois l’addition payée, le gardien vient m’ouvrir la porte du garage. Pas mal comme système en fait.

Ma destination aujourd’hui est un endroit appelé Salto do Cristal, recommandé par Alcemir, à 330 km. Google m’annonce 7 h de trajet. Ça sent le gros ripio dégueulasse. Les 100 premiers kilomètres sont propres et puis ça se dégrade. Je passe sur de la terre partiellement sèche avec de belles ornières. Il fait très chaud, j’ai droit à tout, gravas, sable, poussière, mare, pont en bois branlant et vaches au milieu de la route. Il est dur de s’arrêter car il n’y a pas d’ombre et immobilité signifie cuisson. Les pauses sont donc rares et la concentration élevée. Je sens mes avant-bras griller tranquillement sous une crème inefficace. Je prends mon mal en patience.

 

 

J’arrive aux alentours de Salto do Cristal en fin d’après-midi. Je tourne un peu en rond car le site n’est pas indiqué, hormis par une petite pancarte qu’il me faudra 4 passages pour repérer. Je m’enfonce dans le petit chemin rocailleux qui semble mener nulle part. Du moins c’est ce que je me dis au bout de 20 km en arrivant à un cul-de-sac. Je m’arrête et demande mon chemin à un quidam endormi sous son porche. L’homme que j’ai réveillé en pleine sieste m’indique que je dois faire demi-tour sur 1 km et trouver un portail rouge qui marque l’entrée vers le site. Je le remercie et m’excuse pour la molesta. Revenant sur mes traces, je trouve le portail indiqué. Un homme m’ouvre et m’invite à suivre la signalisation. 10 km de piste merdique et j’y suis enfin. Une femme à l’entrée me demande si je vais camper. Vu l’heure, oui. Elle m’explique où se trouvent les emplacements. Je m’y rends, décharge la moto, plante ma tente, enfile un maillot de bain et me lance à la découverte du fameux Salto do Cristal.

Le chemin descend doucement et aboutit à un escalier bien raide. Je descends.

 

 

Après cette magnifique découverte, je grignote seul dans le camping, me couche et m’endors en écoutant les étranges bruits nocturnes des bois qui m’entourent.

 

31 janvier 2018, vers Asuncion, Paraguay

Je remballe et prends comme petit déj’ les 30 km de route de merde pour retrouver l’asphalte. Je me pose à la première station-essence pour prendre un café, faire le plein et profiter du WiFi. Le Paraguay à ceci de particulier qu’il y a un gardien avec un gros flingue dans chaque station. Du genre dissuasif. Je n’ai pas osé demander pourquoi.

 

 

Je suis à 150 km d’Asuncion, mais je décide de faire un crochet par un endroit que m’ont conseillé Alcemir et Angelica. Ita Kua est un site apparement joli avec des cabanes en bois. Ils me l’ont vendu comme ça. La route est plutôt bonne. Je parviens à trouver sans trop de soucis. Quand j’arrive, les pancartes indiquent un hôtel. J’entre et un gardien me dit que tout est complet. Bien. Chou blanc. Je rebrousse chemin et me dirige vers la capitale. J’y entre sous un temps couvert. La ville est sale, désordonnée et peu accueillante. Je trouve tant bien que mal l’hostel dans lequel je vais passer deux jours. J’ai besoin de trouver de l’huile pour la moto et de changer à nouveau le gicleur du carburateur car l’essence est redevenue de meilleure qualité et la moto m’a plusieurs fois signifié que je devais le faire.

Rien de particulier en ces lieux. J’en profite pour prendre une douche chaude, manger correctement et me reposer.

 

1er février 2018, Asuncion, Paraguay

Je prends le petit déj’ et, me sentant envahie d’une flemme monstrueuse, je vais me recoucher. J’émerge peu avant le déjeuner. Mission, trouver de l’huile. Je vais de garages en garages mais personne ne semble avoir ce que je veux. Je termine chez Honda et me contente de ce qu’ils me conseillent pour la Dominator. Je grignote un morceau sur le chemin du retour et m’attaque au démontage du carburateur. Les doigts dans nez. Je connais la méthode par cœur maintenant. Je change aussi l’huile. Évidemment j’en fous partout et je passe la fin d’après-midi à nettoyer mon merdier. Je me couche tôt. J’ai besoin de sommeil.

 

2 février 2018, ruta Transchaco, Paraguay

Je quitte Asuncion pour me lancer sur la Ruta Nacional N° 9 “Dr. Carlos Antonio López” plus connue sous le nom de Transchaco. 835 km de ligne droite qui traverse le Paraguay pour atteindre la Bolivie. Les gens avec qui j’en ai discuté ont pour la plupart essayé de me dissuader. La route comporte en effet des tronçons en sale état. Mais bon, j’ai quand même une fâcheuse tendance à me retrouver là où on me déconseille d’aller… La sortie d’Asuncion est longue et pénible. Une manif de routiers paralyse la ville. Le bruit de leurs klaxons est assourdissant.

Les 100 premiers kilomètres s’effectuent sans difficulté, sur une route goudronnée bordée d’un paysage vert et luxuriant.

 

 

J’aperçois de la fumée au loin. On dirait un feu. Plus je m’en rapproche, plus j’en ai la certitude. Le bord de la route brule, mais il n’y a personne.

 

 

Je m’arrête à une station-service quelques kilomètres plus loin pour informer le pompiste de ce que j’ai vu. Il me répond de ne pas m’inquiéter, ici, quand ils tondent les bords de routes, ils font bruler l’herbe sur place quelques jours après. Mon instinct d’ancien pompier sonne l’alarme dans tous les sens au vu de la végétation qui borde les routes. Mais bon, ils sont apparement habitués, alors je rengaine ma remarque lorsqu’il me remercie d’avoir prévenu. Je repars.

Il fait une chaleur sèche et oppressante. Vers 14 h les nuages se montrent de plus en plus menaçants à l’horizon. Plus je m’en rapproche, plus je sens que je vais devoir sortir le pantalon de pluie et remettre le cuir. Idée peu ragoutante vu la couche de crème que j’ai sur les bras et la transpiration qui s’y mélange.

 

Les longues trainées grises qui balayent l’horizon et l’humidité couvrant les remorques des camions que je croise me poussent à m’arrêter pour me couvrir.

Je sors le pantalon de pluie et remets le blouson sans enthousiasme ; mes bras sont poussiéreux et collant et la sensation est peu agréable au contact de la doublure synthétique. Toutes fermetures closes, je me dépêche de repartir car la chaleur me malmène. Besoin d’un peu de vent pour calmer tout ça. J’accélère droit vers la gueule du loup. Le ciel semble si bas qu’on pourrait le toucher. J’arrive sous la tonnelle de nuages. Étrangement, les trainées de pluie semblent s’écarter lentement de mon chemin. J’attends, comme un condamné, le déclenchement de la pluie. C’est un peu l’ascenseur émotionnel. Chaque fois que je pense prendre une dégelée, je prends une vague de chaleur. Les nuages se déplacent comme s’ils cherchaient à m’éviter et créent une zone de “non-pluie” au dessus de la route.

Je crois être tiré d’affaire quand je prends les premières gouttes. Ça ne dure que quelques minutes, mais c’est intense. J’ai dépassé la zone à risque juste au moment où la route redevient mauvaise…

 

 

Je slalome de nouveau entre les nids de poules. Un vilain crachin me suit sur une cinquantaine de kilomètres ; j’en ai marre. J’ai fait plus de la moitié du chemin soit environ 420 km. Je trouve une chambre à Lomo Plata. La pluie continue de tomber. J’espère que la route ne sera pas trop abimée demain. J’ai un animal de compagnie pour me tenir chaud cette nuit.

 

 

 

3 février 2018, ruta Transchaco, Paraguay

Beau soleil ce matin. Il est 8 h et il fait déjà 30°. Je n’arrive pas à décider si je préfère le soleil brulant ou la pluie diluvienne. Je crois que l’excès tue la saveur de toute manière. J’ai décidé de prendre vers l’ouest à une fourche avant la fin de la Transchaco pour rejoindre un poste frontière moins fréquenté, et rejoindre ensuite Villamontes, en Bolivie, d’où part une route dangereusement mythique que je veux ajouter à mon palmarès.

Je prends un café à la station avant de décoller. La pompiste m’informe que j’attaque la pire partie de la route. Ah, je croyais avoir bien donné déjà…

Une trentaine de bornes après la sortie de la ville, je commence à comprendre l’avertissement. La route est un vrai gruyère. Du coup, il n’y a pas de file ; le but est d’éviter les trous béants et les véhicules qui font la même chose dans le sens opposé. C’est comme si je naviguais dans un champ de mines, je passe mon temps debout sur la moto pour anticiper les trous au maximum et trouver les meilleures trajectoires. La route alterne asphalte et terre. Au bout de quelques heures, je tombe sur un passage compliqué. Une cinquantaine de mètres de boue que la pluie et les camions ont récemment creusée. J’emprunte les traces qui me semblent les plus fraiches et j’envoie. Ça patine. Ça patine fort, je m’enfonce. Je ne suis plus très loin du sec, je mets les gaz, ça passe… Je m’arrête juste après, curieux de voir comment le semi-remorque qui me suit, avec ses 20 tonnes d’essence au cul, va faire pour passer.

 

 

Sont forts ces routiers.

Je reprends mon chemin car la brulure du soleil me rappelle à l’ordre. J’arrive à la fourche en début d’après-midi. Je fais une pause dans l’unique boui-boui qui trône sur le bord de la route. Je demande un sandwich au poulet et m’installe à l’ombre sur une chaise en plastique. Pas un bruit, tout semble figé. Je suis au milieu de rien. Une scène d’attente d’un film de Sergio Leone. Seule la poussière de la route, dansant aux alentours, donne une illusion de mouvement. J’ai oublié ma bouteille d’eau dans le top case. Je le regarde indécis, repoussant l’effort de franchir la bonne dizaine de mètres qui me sépare de ma boisson. La chaleur est assommante mais je me résous à parcourir la distance car je n’ai plus de salive et ma bouche est pleine de poussière. J’entame une discussion avec l’homme assis à la table d’à côté. La cinquantaine, chemise ouverte sur un bide de bon vivant, peau tannée par le soleil, barbe sombre naissante et cheveux en pagaille ; il semble être le propriétaire des lieux. Il est curieux de savoir où je me rends. Je lui réponds que je vais prendre la fourche vers l’ouest. Il acquiesce avec une petite moue puis, après un moment de silence, me soupire que la route est meilleure au nord. Il semblerait que ce soit devenu une habitude. Il déblatère sur l’état de la Transchaco et le peu d’efforts que le gouvernement fournit pour améliorer les routes.

Mon sandwich arrive. Deux tranches de pain, une feuille de salade, une rondelle de tomate et une escalope de poulet trop cuite, fine comme une crêpe. Je demande s’il y a une petite sauce pour agrémenter ce chef-d’œuvre. Non. J’accompagne chaque bouchée d’une rasade de flotte pour faire descendre le tout. L’ersatz de sandwich terminé, je retourne à la moto chercher mon Thermos de café et reviens à ma table me servir une tasse. Petite cigarette digestive et je passe à la caisse. 20 000 guaranis (3 €). Je comprends mieux. Je salue mon interlocuteur et repars le ventre à moitié plein.

100 km avant la frontière ; La route est effectivement en mauvais état mais je ne la trouve pas pire que ce que j’ai déjà traversé. Un peu plus de cailloux peut-être.

J’arrive au poste frontière. Pas un véhicule. Le bâtiment semble à l’abandon. J’entre. Un agent m’invite à le suivre dans son bureau. Nous réglons les formalités d’usage et je lui demande à combien de bornes se trouve le poste bolivien. Il pointe du doigt le banc dans le couloir et m’explique qu’au bout de ce banc, c’est la Bolivie. Et que, du coup, le bureau après le banc, c’est la douane bolivienne. Je le remercie pour cette précieuse information et quitte le Paraguay pour me rendre en Bolivie. Je frappe à la porte du bureau et un jeune homme m’ouvre, les yeux écarquillés en me faisant une grimace. Il me prie d’entrer en prenant un accent indéfini. Je m’exécute. Il fait une blague que je ne comprends pas mais qui fait rire son collègue du même âge. Ils continuent à rigoler tous les deux pendant que je sors mes papiers. Détente les boliviens. On dirait Beavis et Butthead. À la vue de mon passeport, l’un d’eux se met à imiter l’accent français en me posant des questions, ce qui fait hurler de rire son complice. Décidément, les postes frontières sur ce continent réservent toujours plein de surprise. Ils s’essayent tous les deux à prononcer correctement l’adresse parisienne qui figure sur mon passeport, ce qui les amuse beaucoup. Ils continuent leur discussion comme si je n’étais pas là, terminent les formalités et me souhaitent bon vent. Si ça pouvait être toujours aussi simple…

J’entre donc en Bolivie le sourire aux lèvres en repensant aux deux comiques de la douane.

Le paysage se transforme. La végétation est plus dense, plus haute. Il y a des virages, ce qui m’enchante après 800 km de ligne droite. En revanche la route n’est pas terrible. Sable, cailloux et tranchées creusées par la pluie sont mon lot sur une quarantaine de kilomètres.

 

 

J’arrive à Villamontes en fin d’après midi. Je suis à court d’essence, j’ai épuisé la réserve et le bidon d’urgence de 5 litres. Je demande mon chemin vers la station-service la plus proche. Avant de faire le plein, je demande s’ils acceptent les guaranis paraguayens. Non. Je dois donc trouver un bureau de change et revenir. Je pars dans le centre et échange ce qui me reste d’argent paraguayen pour du boliviano. Retour à la station. Panne sèche à 100 mètres du but. Je finis en mode trottinette. Arrivé à la station la pompiste regarde ma plaque et me fait passer à une autre pompe. Elle m’explique que pour les étrangers l’essence est plus chère. Beaucoup plus chère. On passe de 3,7 Bs (0,45 €) le litre à 8,68 Bs (1 €). Enculés.

 

 

Je grogne un peu, en pestant que c’est du racket et que cela fait du tort à leur beau pays. C’est la loi. Nul n’est au-dessus des lois. Mais je l’emmerde moi, la loi. Qu’est ce que c’est que ces manières de voler le touriste comme ça. Ça m’énerve. Du coup je n’ai pas assez pour un plein complet. Je repars en vociférant des insultes dans le vent. Je trouve un petit hôtel où me poser et pars faire une petite balade dans le centre pour me calmer. Je découvre le marché couvert du centre ville. Une grande halle où l’on vend tout et n’importe quoi. Papier toilette, parfum, chaussettes, carottes, eau de javel, tarte meringuée… un capharnaüm coloré disposé au hasard sur les étalages.

 

 

Je flâne dans les allées, sans but, et découvre un escalier qui mène à un mirador au premier étage. La ville semble déserte vue d’en haut.

 

 

Je reste là un moment à observer puis je redescends pour aller me sustenter d’une pizza au chorizo et d’une bière fraiche. Retour ensuite à l’hôtel pour profiter de la fraicheur de la clim.

4 février 2018, Villamontes, Bolivia

Je fainéantise ce matin… Je me sors quand même du lit pour profiter du petit déjeuner et m’y replonge aussitôt après avoir fini. Je me dis que, vu ce qui m’attend, je peux prendre une journée de glande à écrire et “siester”. La journée se déroulera donc au rythme de ce que me dicte mon corps. Et mon corps insiste lourdement sur le sommeil…

J’étudie la route pour demain. Ça va être dingue d’après les photos que je vois…

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